Dans un contexte marqué par la numérisation croissante des services, la circulation massive des informations et l’utilisation quotidienne des données personnelles, la protection de la vie privée est devenue un enjeu majeur. En Algérie, cette préoccupation se traduit par un renforcement progressif du cadre juridique encadrant la collecte et le traitement des données à caractère personnel.
C’est dans cette dynamique que l’Autorité nationale de protection des données à caractère personnel a adopté la délibération n° 01 du 24 décembre 2025, visant à définir le rôle du délégué à la protection des données personnelles et à préciser ses missions ainsi que les modalités de sa désignation. Cette délibération s’inscrit dans l’application du code relatif à la protection des données personnelles, tel que modifié en 2025.
Le délégué à la protection des données : un acteur clé de la conformité
Le délégué à la protection des données personnelles est une figure centrale du dispositif de protection des données. Il s’agit d’un responsable désigné au sein des organismes publics ou privés chargés de traiter des données personnelles, afin de veiller au respect de la législation en vigueur.
Son rôle principal consiste à assurer la conformité des pratiques de l’institution avec la loi, tout en garantissant le respect des droits des personnes concernées, notamment le droit à la vie privée, à l’information et à la protection de leurs données.
Les conditions de désignation du délégué
La délibération précise que la désignation du délégué relève de la responsabilité du responsable du traitement des données. Le choix doit se faire sur la base de critères professionnels stricts, notamment :
- une connaissance approfondie de la législation relative à la protection des données ;
- une bonne maîtrise des pratiques et des risques liés au traitement des données personnelles ;
- une capacité à communiquer efficacement avec l’Autorité nationale de protection des données ;
- une disponibilité suffisante pour exercer ses missions de manière effective.
Le délégué doit obligatoirement appartenir à l’organisme concerné et être désigné par une décision administrative interne. Il ne peut pas se trouver dans une situation de conflit d’intérêts, notamment en occupant un poste impliquant le traitement direct des données.
Les missions principales du délégué à la protection des données
La délibération détaille plusieurs missions essentielles confiées au délégué :
- Informer et conseiller le responsable du traitement et les employés sur leurs obligations légales ;
- Contrôler la conformité des traitements de données avec la législation en vigueur ;
- Apporter un appui technique et juridique lors des analyses d’impact sur la protection des données ;
- Servir de point de contact avec l’Autorité nationale de protection des données ;
- Notifier les violations de données, en informant les autorités compétentes et les personnes concernées en cas d’atteinte à la sécurité des données.
Une indépendance garantie dans l’exercice des fonctions
Pour assurer l’efficacité de sa mission, le délégué à la protection des données doit exercer ses fonctions en toute indépendance. Il ne peut recevoir d’instructions contraires à sa mission ni être sanctionné pour l’exercice de ses responsabilités. Cette indépendance est un gage de crédibilité et de transparence dans la gestion des données personnelles.
Possibilité de désignation d’un délégué commun
La législation permet également la désignation d’un délégué commun à plusieurs organismes, à condition qu’ils partagent une organisation similaire (par exemple, des directions relevant d’un même ministère) et que le volume de traitement des données reste compatible avec l’efficacité de la mission.
Une obligation d’information envers l’autorité nationale
Enfin, la délibération impose aux responsables du traitement de notifier obligatoirement l’Autorité nationale de protection des données de la désignation du délégué, en précisant ses coordonnées professionnelles. Cette obligation vise à faciliter le contrôle, le suivi et la gestion des réclamations liées à la protection des données personnelles.
Un pas décisif vers une gouvernance responsable des données
À travers cette délibération, l’Algérie renforce son dispositif de protection des données personnelles et s’aligne sur les standards internationaux en matière de respect de la vie privée. La mise en place du délégué à la protection des données constitue ainsi un levier essentiel pour instaurer une culture de conformité, de transparence et de confiance entre les institutions et les citoyens.
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