L’Algérie accueille chaque année plusieurs milliers d’étudiants étrangers issus d’Afrique, du monde arabe, d’Asie et parfois d’Europe. Ces échanges universitaires s’inscrivent dans une politique d’ouverture et de coopération académique.
Mais avec la diversité des provenances, les autorités algériennes ont jugé nécessaire de renforcer les contrôles sanitaires à l’entrée du système universitaire.
C’est dans ce contexte qu’a été publié au Journal officiel l’arrêté interministériel du 13 septembre 2025, signé conjointement par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministre de la Santé.
Cet arrêté fixe la nature et les modalités de l’examen médical obligatoire auquel tout étudiant étranger doit se soumettre avant son inscription dans une université ou un établissement de formation supérieur en Algérie.
Le fondement juridique et les objectifs de la mesure
Un texte fondé sur le décret présidentiel du 20 février 2025
L’arrêté du 13 septembre 2025 vient appliquer l’article 10 du décret présidentiel n° 25-83 du 20 février 2025, qui encadre les conditions d’admission des étudiants étrangers dans les établissements algériens.
“Art. 10. — L'étudiant étranger est soumis, avant son inscription, à un examen médical. La nature de cet examen et les modalités de son déroulement sont fixées par arrêté conjoint du ministre chargé de la santé et du ministre chargé de l'enseignement supérieur.”
Ce décret prévoyait déjà que l’inscription définitive d’un étudiant étranger devait être conditionnée à un examen médical préalable attestant de sa bonne santé physique et mentale.
L’arrêté précise désormais la liste exacte des examens, les vaccins obligatoires et les modalités pratiques de ce contrôle.
Les objectifs de l’arrêté
Le texte poursuit trois buts principaux :
- Protéger la santé publique en évitant l’introduction ou la propagation de maladies transmissibles sur le territoire national ;
- Préserver la sécurité sanitaire des campus universitaires, où vivent et étudient ensemble des milliers d’étudiants ;
- Garantir la capacité de l’étudiant à suivre ses études dans de bonnes conditions physiques et psychologiques.
Autrement dit, ce contrôle médical vise autant à prévenir les risques qu’à accompagner l’intégration sanitaire de l’étudiant étranger dans le système universitaire algérien.
Le contenu de l’examen médical obligatoire
Les examens médicaux à effectuer
Avant toute inscription définitive, l’étudiant étranger doit se soumettre à un bilan complet comportant :
- Un examen clinique général,
- Une radiographie thoracique,
- Des analyses biologiques pour dépister le VIH/Sida, l’hépatite B et C,
- Un test de dépistage du paludisme,
- Et, si nécessaire, une évaluation psychologique ou neurologique complémentaire.
Ces examens permettent d’évaluer l’état général de santé du candidat et de s’assurer qu’il ne présente pas de maladie chronique ou contagieuse pouvant nécessiter un suivi médical particulier.
Les vaccins obligatoires
L’arrêté du 13 septembre 2025 rend également quatre vaccinations obligatoires pour les étudiants étrangers avant leur arrivée en Algérie :
- Fièvre jaune,
- Méningocoque (A, C, Y, W135),
- Hépatite B,
- Vaccins combinés contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP).
Le calendrier vaccinal est aligné sur celui appliqué en Algérie.
La liste des vaccins pourra être mise à jour par le ministère de la Santé, selon l’évolution de la situation épidémiologique nationale ou internationale.
Le déroulement pratique de l’examen et le certificat d’aptitude
L’examen sur le territoire algérien
Une fois en Algérie, l’étudiant doit présenter son dossier médical au médecin de l’unité de médecine préventive de l’université d’accueil.
C’est ce médecin qui vérifie la conformité des examens et délivre un certificat médical d’aptitude à l’inscription universitaire.
Ce document est indispensable : sans lui, l’étudiant ne peut pas finaliser son inscription définitive.
Le modèle officiel du certificat
Le modèle du certificat est annexé à l’arrêté.
Il comprend plusieurs rubriques :
- Données personnelles de l’étudiant (nom, nationalité, université d’accueil),
- Antécédents médicaux,
- Résultats des examens et du bilan vaccinal,
- État psychique et observations du médecin,
- Conclusion médicale sur l’aptitude de l’étudiant.
Le médecin agréé y précise si :
- l’étudiant est apte à suivre des études,
- s’il nécessite un suivi médical,
- s’il présente un risque infectieux nécessitant un avis spécialisé.
Le certificat doit être daté, signé et cacheté par un médecin inscrit au Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM).
Les frais de l’examen
L’arrêté est clair : les frais de l’examen médical sont à la charge de l’étudiant étranger.
Cette disposition reflète le principe selon lequel le contrôle médical préalable fait partie des conditions d’accès, et non d’un service de santé gratuit fourni par l’État algérien.
Responsabilités et implications juridiques
Pour les étudiants
L’étudiant étranger a l’obligation de :
- Se soumettre à l’examen médical complet,
- Présenter les résultats à l’université avant l’inscription,
- Tenir à jour son carnet de vaccination.
Le non-respect de ces obligations peut retarder ou empêcher son inscription.
Pour les établissements d’enseignement
Les universités et établissements de formation sont tenus de :
- Vérifier la présence du certificat médical avant d’accepter l’inscription,
- Conserver une copie du document dans le dossier administratif de l’étudiant,
- Orienter l’étudiant vers les services de santé si un suivi est recommandé.
Ces obligations renforcent la responsabilité administrative et sanitaire des établissements d’enseignement supérieur.
Pour les autorités sanitaires
Le ministère de la Santé joue un rôle central : il doit régulièrement mettre à jour la liste des examens et vaccins obligatoires, selon l’évolution des risques sanitaires (VIH, paludisme, Covid-19, etc.).
Il collabore avec le ministère de l’Enseignement supérieur pour garantir une application uniforme de la réglementation sur tout le territoire.
Enjeux et portée du texte
L’arrêté du 13 septembre 2025 illustre la volonté de l’Algérie de :
- Renforcer la sécurité sanitaire nationale,
- Moderniser la gestion médicale universitaire,
- Et harmoniser ses pratiques avec les standards internationaux en matière de santé étudiante (OMS, UNESCO).
Ce texte s’inscrit également dans une logique de prévention proactive plutôt que de réaction après coup.
Il renforce la crédibilité du système universitaire algérien auprès des pays partenaires en garantissant que les étudiants accueillis le sont dans un cadre sain, sûr et professionnel.
En ce sens, l’arrêté interministériel du 13 septembre 2025 marque une étape importante dans la régulation sanitaire des étudiants étrangers en Algérie.
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