Le harcèlement de rue existe dans le monde entier et se définit comme un acte, une parole, un écrit ou un geste exprimant une conduite intimidante, insistante, irrespectueuse, humiliante, menaçante ou encore insultante dans un lieu public envers des personnes en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation sexuelle.
Un fléau que les femmes, principales victimes, s’efforcent de combattre à travers les réseaux sociaux et à l’aide de diverses organisations. Mais quel est l’avis du législateur algérien sur le harcèlement de rue ?
De longues années se sont écoulées avant la promulgation de la loi N°15-19 du 30 décembre 2015, modifiant l'ordonnance n° 66-156 du 8 juin 1966 disponible sur notre plateforme. En effet, cette dernière traitait des violences auxquelles les femmes étaient victimes de la part de leurs conjoints ou de personnes de leur entourage, laissant le harcèlement de rue aux oubliettes.
Suite aux modifications effectuées en 2015, cette loi donne désormais une grande importance aux agressions de rue dont nous sommes malheureusement témoins au quotidien.
Quelle est la peine encourue par les agresseurs ?
Tout individu agressant verbalement ou physiquement une femme dans un lieu public encourt une peine d’emprisonnement allant de deux à six mois et une amende susceptible d’atteindre 100.000 DA. Les peines citées peuvent être doublées dans le cas où la victime est une personne ayant 16 ans ou moins.
Bien que la sanction ait pour but de réduire le taux de harcèlement de rue, il reste un point non abordé par les autorités : que faire en cas d’agression ?
En France, le projet de loi contre le harcèlement a été voté le 16 mai 2018 par l’Assemblée Nationale, prévoyant des amendes onéreuses mais également une vaste campagne visant à lutter contre ce problème de société.
La loi algérienne invite quant à elle les victimes à dénoncer le harcèlement de rue par des preuves (photos, vidéos ou témoins) en portant plainte, mais qui va avoir le réflexe de prendre en photo ou de filmer son agresseur ? Qu’en est-il des policiers présents sur les lieux du délit ? Relève t’il de leurs compétences d’intervenir dans ce genre de situations ? Les méthodes répressives sont-elles réellement efficaces ?
Voici des questions qui restent sans réponses, à l’échelle mondiale, mais que nous espérons voir éclaircies par voie réglementaire prochainement en Algérie.